Valérie Guerinoni
Je ne peins pas pour plaire, je peins pour sentir. La toile est un territoire où mes émotions prennent chair, où chaque femme peinte devient un miroir de l’âme. La couleur est mon cri, le couteau ma voix. Et si mes portraits troublent, c’est qu’ils parlent ce langage que le cœur seul comprend.

Il y a des artistes qui peignent avec leurs pinceaux. Valérie Guerinoni, elle, peint avec la chair vive de ses émotions. Autodidacte, nourrie par la lumière éclatante du Sud où elle vit, cette artiste française donne naissance à une œuvre foisonnante, intuitive, charnelle. Sa technique au couteau – signature assumée – ne relève pas seulement du geste pictural : elle est l’empreinte d’une urgence intérieure, celle de traduire en matière la complexité des sentiments humains.
Ses toiles, saturées de couleurs franches, parfois crues, sont traversées de figures féminines qui semblent à la fois jaillir de la toile et s’y dissoudre. Valérie Guerinoni ne peint pas des femmes idéales, elle donne corps à des présences — fragiles et puissantes, intimes et universelles.
Ses portraits ne cherchent ni la ressemblance ni la perfection. Ils expriment un état. Une tension. Une lumière intérieure. Le regard de ses femmes, souvent immense et noir, capte d’abord le nôtre avant de le détourner vers une profondeur plus grande. Il s’agit moins de regarder que de ressentir. L’artiste revendique cette approche viscérale, loin des modes ou des tendances : elle écrit sa propre aventure, sans autre boussole que l’authenticité de l’émotion. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si son parcours s’est nourri, très tôt, du mouvement et du geste à travers la danse. Une discipline qui forge l’écoute du corps, du rythme, autant d’éléments que l’on retrouve dans sa peinture. Ses nombreux voyages l’ont également façonnée : traverser les cultures, ressentir les atmosphères, capter les visages. .
Ses œuvres sont marquées par l’intensité de la couleur et la richesse de la matière. Par superpositions successives, elle crée des épaisseurs, des contrastes, des éclats. La peinture devient presque sculpture, vibrante de toutes les contradictions humaines : force et vulnérabilité, sensualité et silence, colère et tendresse. Influencée par les grands fauves et par Van Gogh — dont elle partage le goût de la couleur pulsionnelle — Guerinoni revendique un art sans filtre, incarné, en lien direct avec le vécu. « L’œil perçoit mais le cœur ressent », dit-elle, comme un manifeste. C’est cette sincérité brute, sans apprêt, qui donne à son travail cette vibration si particulière.
Contempler une toile de Valérie Guerinoni, c’est accepter d’entrer dans un espace de résonance. C’est se laisser atteindre par la densité d’un regard, par la flamboyance d’une palette, par le trouble d’une figure en devenir. À travers ses femmes de peinture, c’est notre propre humanité que l’artiste révèle. Une humanité faite de blessures, de beauté et d’éclats. Une peinture du vivant, habitée par la lumière des îles et la mémoire des corps. Rien d’illustratif ici, mais une vérité picturale qui touche à l’essentiel : peindre pour dire, peindre pour vivre.