No#Ar
Peindre, pour moi, c’est respirer autrement. Je ne cherche pas l’esthétique, mais le rythme, le souffle, la pulsation intérieure. Chaque toile est une partition vivante, un chaos qui s’organise, une émotion qui se libère. J’avance sans plan, avec l’instinct pour boussole et le geste comme voix.

Né à Beaune en 1973, David Arnaud découvre très tôt le pouvoir des images comme langage intime. Dès l’enfance, il peint sur tout ce qu’il trouve : feuilles volantes, murs, bouts de carton. La peinture devient pour lui un espace vital, un lieu de silence et de liberté. Formé à l’École Émile Cohl de Lyon, il se spécialise en illustration et bande dessinée, affinant sa maîtrise du trait et de la narration visuelle. Il débute sa carrière en tant qu’aquarelliste, exposant dès la fin des années 1980, et reçoit plusieurs prix, dont celui de la Ville de Mâcon.
Son travail est salué pour sa précision, sa délicatesse, sa maîtrise des lumières. Mais, en dépit de cette reconnaissance, David ressent un manque : celui d’un souffle plus personnel, plus instinctif. Il décide alors de rompre avec la logique de reproduction réaliste pour explorer un territoire plus brut, plus libre.
Sous le pseudonyme de NO#AR, il ouvre un nouveau chapitre artistique, habité par une urgence de créer autrement. Ses influences se déplacent : il se nourrit des gestes de Basquiat, de la flamboyance de Chagall, des constructions de Léger, du souffle des œuvres tardives de Picasso, mais aussi de la fougue du mouvement COBRA. Il ne s’inscrit dans aucun courant, mais capte des fragments de chacun pour construire un langage propre. Un langage où la figuration et l’abstraction ne s’opposent plus, mais dialoguent, se percutent, se complètent. Chez NO#AR, la ligne est une pulsation, le point une ponctuation, la spirale un principe de vie. Il parle d’un « phrasé pictural », comme s’il composait une musique visuelle intérieure, nourrie de chaos maîtrisé et d’élans instinctifs. Chaque œuvre devient ainsi une partition, un monde en soi, peuplé de figures, d’objets, d’architectures mentales, de symboles et d’ombres.
Sa peinture est vive, parfois rugueuse, toujours habitée. Les fonds saturés — rouges incandescents, bleus profonds, jaunes vibrants — créent des tensions chromatiques où les formes explosent ou se fondent. Des visages, des spirales, des totems surgissent sans hiérarchie, dans une composition qui semble improvisée mais obéit à une logique interne, presque organique. NO#AR parle de ses toiles comme étant “à plat”, mais c’est un leurre : elles vivent dans une profondeur mentale, traversées par des couches superposées, des signes, des zones d’opacité, de lumière, de respiration. L’espace pictural déborde souvent du cadre, cherchant à s’échapper vers un au-delà invisible, à mi-chemin entre mémoire et vision. Parfois, une phosphorescence surgit, une vibration blanche qui donne à l’œuvre une vie prolongée, presque indépendante.
NO#AR est un artiste en « renaît-sens », comme il aime le dire avec malice. Mais au-delà du jeu de mots, c’est bien d’un renouvellement permanent qu’il s’agit. Sa peinture ne cherche ni à plaire, ni à démontrer : elle existe, entière, libre, tendue vers l’essentiel. Une œuvre à lire, à ressentir, à laisser résonner. Une peinture du dedans, de la trace, du souffle.